Don Juan

mars 2, 2012

Par compassion, par humanité, le Don Juan de Molière accepte, malgré tout, de donner un louis d’or à un pauvre, très pieux, qui préfère se laisser mourir de faim plutôt que jurer. Par ces quelques courtes répliques de la pièce on peut, peut-être, comprendre une partie de la philosophie de Molière, sa propre pensée, qui par l’entremise de Don Juan dit au pauvre que ces incessantes prières à Dieu ne l’empêchent pourtant pas d’être un miséreux au fond d’une forêt qui réclame l’aumône aux passants, pour l’amour de Dieu. Don Juan demande au mendiant de jurer, de renier sa foi, puisque lui-même en tant qu’athée ne peut donner pour l’amour de Dieu. Mais lassé devant le refus du pauvre, par amour de l’humanité, il lui donne pourtant son louis d’or.

Il existe encore des familles chrétiennes dont la foi, par trop exigeante et envahissante, exerce une tyrannie morale sur des enfants, conduisant parfois à de véritables drames familiaux auxquels même la psychiatrie se révèle impuissante alors qu’il suffirait sans doute d’un léger infléchissement de cette rigueur pour remédier à de nombreux problèmes. Il arrive quelquefois, dans un tel contexte, qu’un enfant devenu adulte demande aux responsables d’un tel endoctrinement, une remise en cause radicale, par exemple que ceux-ci fassent un choix entre lui et la foi. Malheureusement bon nombre de pieux fanatiques préfèrent encore, dans ce genre d’alternative, l’amour de Dieu à l’amour de leur enfant.

Renoncer à Dieu par humanité, c’est ce qu’on devrait conseiller aux juifs et musulmans du Moyen-Orient. Les terres d’Islam et d’Israël ne deviendraient pas plus sacrées que n’importe quelles autres et ne seraient plus l’enjeu de guerres incessantes, tout du moins au nom de la religion. Des millions d’individus y perdraient sans doute la foi… et alors ! Vaut-il mieux ne plus croire en Dieu et respecter son frère et voisin plutôt qu’avoir une foi indéracinable et vouer une haine sans fin envers celui qui pense différemment ?

Inconfort

février 23, 2012

Le poète en instaurant de l’inconfort dans la pensée lui évite peut-être ainsi de s’ankyloser.

Venelles

février 19, 2012

 
A l’aube du lointain
s’estompent les tristes
venelles du souvenir

 

Moulins à vent

février 16, 2012

La mort hivernale de la nature n’est plus qu’un récent souvenir, quelques précoces jonquilles nous racontent le printemps qui vient. Mais de nouveau les hommes n’écouteront pas le poète et préféreront s’enivrer de guerres ou d’argent. La haine et la jalousie couvriront le chuchotis des vers et le chant de l’alouette. Tant pis, comme Don Quichotte avec ses moulins à vent, il y aura encore de ces illuminés qui s’extasieront plus du vol de la buse dans le ciel que de celui des anges ! Les mêmes auront la mer pour maitresse et surferont sur les vagues ou les nuages pour atteindre les comètes. Eux savent bien qu’au fond de la grande souffrance réside aussi un sourire, celui de la beauté et de l’oubli.

Attraper la lune

février 12, 2012

Le soleil brunit les arbres de ses derniers rayons tandis qu’une légère brume commence à recouvrir l’étang. Le crépuscule va bientôt inonder la plaine et nos yeux mais ce soir le cœur des gamins est bondissant, les forains se sont installés sur le vieux champ de foire du village. Les mômes s’enivrent de carrousels, se gavent de gaufres ou de barbe à papa et les vieux fous hallucinés comme moi dévorent leurs sourires. Mais le clown, comme le poète, est un peu triste qui ne sait plus comment faire attraper la lune à des enfants repus d’extraordinaire sur leurs écrans de jeux. Tant pis ! Les yeux des tout-petits brillent encore quand ils le voient parler aux étoiles et hésitent à rire ou à pleurer quand il s’empêtre dans ses trop grandes godasses.

Bruine

février 8, 2012

Je suis né au pays des brouillards dans une atmosphère gorgée de pluie. Qui dira la fragile transparence de la brume ? L’ombre humide et inquiète qui se déploie sur la frondaison placide du printemps ? Je suis né au cœur de la bruine à l’orée de grands chênes et j’ai laissé mon âme au fond de tes yeux. Il faut bien goûter l’eau du ciel et s’effleurer comme si le désir était trop friable. Respirer le vent sur ta peau et rêver à l’océan au creux de tes mains…  

Dissolvant

février 5, 2012

La poésie élève l’art dans la sphère de la pensée et, ce faisant, prend toujours le risque de s’y dissoudre.

Chuchotis

janvier 28, 2012

 
Un bruissement de poésie nous martèle d’enluminer l’indicible.